L’écriture inclusive menaçait-elle la bonne marche de l’Etat qu’une mise au point urgente de Matignon s’imposait ? Alors que Défenseur·e·s et détracteur·rice·s s’écharpent depuis des semaines sur ce sujet épineux, le Premier ministre a donné consigne à ses ministres – dans une circulaire dont l’AFP a eu copie hier et qui devrait paraître au J.O. ce mercredi – de bannir des textes officiels l’écriture dite "inclusive". Mais de quoi est-il vraiment question ? Pourquoi cette forme d’écriture déchaîne-t-elle les passions depuis des mois en France ? En 2015, le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (qui dépend du Premier ministre) avait publié un guide incitant les pouvoirs publics à adopter une communication "sans stéréotypes de sexe". Soit un outil pensé comme "un accompagnement pratique pour une communication égalitaire, à destination des institutions publiques, nationales et territoriales" prônant, entre autres, de féminiser les noms de métiers et faire apparaître au maximum les Françaises.A ce jour, plusieurs ministères, institutions, collectivités et universités se sont engagés à appliquer ces recommandations, sans susciter de polémique. Jusqu'à ce qu’un article fasse état, fin septembre, d'un manuel scolaire de CE2, publié par les éditions Hatier et rédigé en "écriture inclusive". Dans cet ouvrage scolaire, les différents métiers que peuvent exercer les hommes et les femmes sont ainsi orthographiés : "agriculteur·rice·s", artisan·e·s" ou encore "commerçant·e·s". L’idée est de faire en sorte que le masculin ne l’emporte plus sur le féminin au pluriel, mais que les deux sexes soient mis sur le même pied d’égalité. Afin de mettre un terme à la hiérarchisation des sexes.Mais cette nouvelle approche de l’orthographe n'est pas du goût de tous, et certainement pas de l'Académie française. Les Immortels ont poussé un cri d’alarme le 26 octobre dernier, dénonçant un "péril mortel" pour la langue française. Le philosophe Raphaël Enthoven y voit, pour sa part, une "agression de la langue par l’égalitarisme", et plusieurs députés Les Républicains ont envoyé une lettre au ministère de l’Education pour demander l’interdiction de l’écriture inclusive dans les manuels scolaires.Plusieurs partisans de la réforme sont également montés au créneau. Ainsi l’ancienne ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a affirmé ce mercredi que ce n’était pas le "rôle" du Premier ministre de statuer sur ce point. La Ville de Paris a également déclaré aujourd’hui qu’elle la garderait tout de même. Par ailleurs, près de 300 professeurs d’écoles, collèges et lycées ont fait savoir dans une tribune publiée par Slate.fr il y a quinze jours qu’ils avaient décidé d'adopter cette écriture.Si le débat fait rage en France, en Belgique et au Québec, le concept d’écriture inclusive fait également son chemin, plus discrètement, les polémiques en moins.
Invités :
- Christophe BARBIER, éditorialiste à L’Express
- Éric FOTTORINO, écrivain et directeur de la rédaction du journal Le1
- Bernard CERQUIGLINI, professeur de linguistique et historien de la langue
- Muriel GILBERT, correctrice pour Le Monde et auteure de Au bonheur des fautes
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Pas un événement important qui ne soit évoqué, expliqué et analysé dans C dans l’air.
Tout au long de la semaine, les deux journalistes donnent les clés pour comprendre dans sa globalité un événement ou un sujet de première importance, en permettant aux téléspectateurs d'intervenir dans le débat ou de poser des questions par SMS ou Internet. Caroline Roux est aux commandes de l'émission du lundi au jeudi et Bruce Toussaint prend le relais le vendredi et le samedi.
Diffusion : tous les jours de la semaine à 17 h 45
Rediffusion : tous les jours de la semaine à 22 h 30
Format : 65 minutes
Présentation : Bruce Toussaint, Caroline Roux et Axel Tarlé
Réalisation : Pascal Hendrick, Jean-François Verzele et Jacques Wehrlin
Production : France Télévisions/Maximal Productions