2 mai 1808 : les Espagnols contre Napoléon (2/2). Un jour dans l'histoire sur Canal Académie de Laëtitia de Witt avec Thierry Lentz (historien). 27 avril 2008
Madrid se soulève contre les Français. Dans la série de portraits et d'éphémérides consacrés à la guerre espagnole de Napoléon, Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon et auteur de plusieurs ouvrages sur le Consulat et l'Empire, revient sur l'insurrection madrilène du 2 mai 1808.
À Sainte-Hélène, Napoléon confie à Las Cases : « Cette malheureuse guerre d'Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France [...] j'embarquai fort mal toute cette affaire, je le confesse ; l'immoralité dut se montrer par trop patente, l'injustice par trop cynique, et le tout demeure fort vilain, puisque j'ai succombé ».
De 1808 à 1813, la guerre d'Espagne constitue une véritable « épine dans le pied » de Napoléon. Il s'avère incapable de vaincre une résistance espagnole qui pourtant, dès le départ, s'était montrée déterminée à sauvegarder sa liberté, comme en témoigne l'insurrection de Madrid, le 2 mai 1808.
Aux yeux des Français, l'Espagne est en 1808 un pays archaïque, terre d'hidalgos et de couvents, royaume décadent vivant dans la nostalgie du siècle d'or.
L'Espagne est pourtant l'alliée de la France, pour le meilleur, mais aussi pour le pire, comme l'a montré la défaite navale de Trafalgar en 1805.
C'est en vertu de cette alliance que les deux pays ont décidé, à la fin de 1807 de se partager le Portugal, pays allié de l'Angleterre sur la péninsule. En route vers le Portugal, les troupes françaises, commandées par le général Junot pénètrent en Espagne en octobre 1807. Junot entre à Lisbonne le 30 novembre. Mais dans le même temps, plusieurs autres corps d'armée s'installent dans la péninsule ibérique, sous le prétexte d'assurer une couverture aux troupes de Junot.
Au début de l'année 1808, ils occupent le nord et le centre de l'Espagne et se sont emparés des citadelles de Barcelone, Pampelune et Saint-Sébastien. Cette pression grandissante provoque une vive inquiétude dans les milieux gouvernementaux espagnols, d'autant plus que le 20 février, le maréchal Murat est désigné comme lieutenant général de l'empereur en Espagne. Or Murat, titulaire à cette date du grand duché de Berg et beau-frère de Napoléon, est un des hauts personnages de l'Empire ; son arrivée à Madrid ne peut qu'inquiéter sur les véritables motifs de Napoléon.
En réalité, au début de 1808, l'empereur est bien décidé à intégrer l'Espagne au Grand Empire.
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invité:
*Thierry Lentz
historien
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livre:
*Nouvelle Histoire du Premier Empire : vol.1 Napoléon et la conquête de l'Europe (1804-1810)
Thierry Lentz
Fayard
2002